Frouard, château (Meurthe-et-Moselle)

Créateur

Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine

Date

2018

Droits

Copyright 2020

Presentation du Site

Situé sur la rive droite de la Moselle, le coteau de Frouard est occupé dès la Protohistoire mais le toponyme d'origine germanique n'apparaît que dans un document écrit en 1262. La terre relève du duché de Lorraine et de la châtellenie de Nancy. En 1263, le duc concède une charte de franchise aux habitants du château et du bourg de Frouard sur le modèle de la charte de Beaumont-en-Argonne. Le comte de Champagne se porte garant de cet engagement qui évolue en vassalité. En effet, à partir de 1300 le duc doit prêter hommage au roi de France, héritier des comtes champenois. Le roi Louis XI renonce à ce lien féodal en 1465.
Le duc fait édifier le château avant 1263 pour surveiller la frontière avec l'évêché de Toul à l'ouest, le comté de Bar au nord et l'évêché de Metz à l'est. Le bâtiment constitue un avant-poste de Nancy dont il couvre l'approche septentrionale et cette fonction défensive l'emporte sur les autres fonctions. En 1313, le duc Ferri IV inflige dans la plaine une célèbre défaite au comte de Bar, allié à l'évêque de Metz. En 1350-1352, le bourg de Frouard est pillé par une troupe messine qui menace le château. Au siècle suivant, il est engagé aux sires de Lenoncourt, vassaux et officiers ducaux qui en assurent l'entretien en 1444. Lors du conflit avec le duc de Bourgogne, Frouard retrouve un rôle actif. Le maréchal de Lorraine, Jean de Fénétrange, entreprend des travaux de fortifications dans le bourg et au château en 1467-1468 pour surveiller Liverdun, passé aux mains des Bourguignons. Le château ne devînt jamais un centre administratif ou résidentiel. Une précieuse gravure présente un édifice quadrangulaire flanqué de quatre tours circulaires aux angles. Au milieu de la courtine nord, s'élevait une autre tour de même style tandis que l'entrée se situait au nord, précédée d'une basse-cour accessible par un chemin longeant la courtine ouest. Les tours éventrées portent les traces de leur démantèlement à l'explosif. L'analyse des vestiges est rendue difficile par leur très mauvais état de conservation. L'analyse des documents iconographiques anciens et des vestiges archéologiques en élévation conduit à distinguer deux phases de construction. Le château quadrangulaire présente les caractéristiques d'un édifice du XIIIe siècle, tandis que les constructions périphériques peuvent être attribuées aux XIVe et XVe siècles.
Le site offre de remarquables défenses naturelles. Il se compose d'un éperon large de 45m, long de 125 m, encadré par des vallons abrupts. Il est séparé du plateau par un fossé long de 40 m, large de 10 m et profond de 5 m, creusé dans l'affleurement de calcaire bajocien qui couronne la côte. Perché à 305 m, il domine de 110 m le cours de la rivière et n'entretient aucun lien avec le village distant de 400 m.
Les courtines présentent des longueurs inégales : 45 m à l'ouest, 32 m au sud, 55 m à l'est et 35 m au nord. La porte, située au milieu de la courtine nord, est large de 3 m et a conservé le logement de la herse et le chasse-roue. La tour ouest, réduite à un demi-cercle de 7 m de diamètre, domine le site. Ses murs, épais de 2 m, offrent un parement irrégulier faisant alterner des chaînages en moyen appareil et des lits de moellons liés au mortier de chaux, le tout recouvert d'un crépi encore visible par endroits. La dégradation du mur rend apparentes les rangées de trous de boulin. Les sections de courtines encore visibles présentent un appareil identique. À l'intérieur du quadrilatère, les ruines des corps de logis entourent la cour dans laquelle on observe une citerne creusée dans le substrat rocheux. Sur les parois, des plaques de mortier de chaux mélangé à de la tuile pilée sont les derniers indices du mode d'étanchéité adopté.
Les aménagements périphériques permettent de doubler la surface disponible sur cet éperon effilé et leur réalisation nécessite la construction de murs de soutènement. À l'est, l'accès au site s'effectue par une rampe longue de 30 m, large de 3 m qui aboutit à la porte contrôlée par un petit bâtiment. Au nord, l'extrémité de l'éperon aménagée en basse-cour, est entourée par une courtine flanquée d'une petite tour carrée de 5 m de côté. L'espace dessine un triangle (base : 45 m, hauteur : 45 m) dans lequel apparaissent les murs de bâtiments disparus. Leur ouverture avec des tuiles canal laisse penser qu'ils correspondaient à des dépendances. À l'ouest, la courtine est protégée par une terrasse large de 4 m, elle-même précédée par un mur venant s'appuyer sur une tour demi-circulaire qui contrôle le second accès du château. On peut qualifier cet aménagement de fausse-braie.

Departement

Commune

Code INSEE

54 215

Numero du Site

Jalons Chronologiques

XIII - XV s.

Nature du Site

seigneurial

Environnement

rural

Thematique Principale

Thematique Secondaire

Bibliographie

Gérard Giuliato, "Les enceintes urbaines et villageoises en Lorraine médiévale", in : Michel Bur dir., Aux origines du second réseau urbain, les peuplements castraux dans les pays de l'Entre-Deux : Alsace, Bourgogne, Champagne, Franche-Comté, Lorraine, Luxembourg, Rhénanie-Palatinat, Sarre. Actes du colloque de Nancy 2, 1er-3 octobre 1992, Nancy, PUN, coll. Archéologie et histoire médiévales, 1993, p. 139-190.

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Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine, “Frouard, château (Meurthe-et-Moselle),” IMAGE, consulté le 27 juillet 2024, https://image.hiscant.univ-lorraine.fr/ark%3A/67375/MGZZQrDNwbKk.

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