Port-sur-Seille, maison forte (Meurthe-et-Moselle)
Créateur
Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine
Date
2018
Droits
Copyright 2020
Identifiant
Presentation du Site
Le village de Port-sur-Seilleest localisé dans une zone marécageuse bordant le cours de la Seille (altitude: 182 mètres).
La maison forte de Port-sur-Seille se dresse à 10 mètres de la Seille, au cœur de la zone marécageuse, à 200 mètres à l'est de l'église paroissiale dédiée à l'Assomption de la Vierge.
De l'ancienne maison fortene subsiste actuellement que peu de choses. En effet, les combats de 1914-1918, particulièrement violents et acharnés dans cette zone, n'ont laissé qu'une grosse tour carrée et quelques bases de courtines au nord et à l'ouest, aujourd'hui en partie masquées par des constructions récentes.
La tournotamment, dans un très mauvais état au jour d'aujourd'hui, se dégrade très rapidement. Cette puissante construction (16,8/15,8 mètres) possède des murs d'une épaisseur de 3,40 mètres. La hauteur actuelle de cette tour est de 14 mètres, mais était à l'origine beaucoup plus élevée, puisque l'étage supérieur de la tour s'est vu détruit lors des combats de 1914-1918. La tour est construite en pierre calcaire couleur bleutée (marno-calcaire). Les parements, très soigneusement appareillés, sont réalisés grâce à des moellons hauts de 0,15 mètre et longs de 0,30 à 0, 40 mètre. Il est à noter que les chaînages d'angle sont réalisés avec une autre variété de calcaire, plus solide (hauteur: 0,15 mètre; longueur: 0,40 à 0,50 mètre; largeur: 0,40 à 0,50 mètre). Les assises et le blocage intérieur sont liés par un mortier de chaux.
Les façadessont percées de rares ouvertures, à savoir des fenêtres (0,80/0,30 mètre) munies de puissantes grilles en fer forgé. Le rez-de-chaussée en possédait deux, le premier étage et le second étage en avaient trois chacun. Dans la maçonnerie de l'angle nord-ouest, un escalieren colimaçon mettait en relation les quatre niveaux. Il ne subsiste actuellement que les quinze premières marches de ce dernier, sur les 78 qu'il comptait à l'origine. La cage d'escalier apparaît comme un immense cylindre vide, où subsiste tout de même une ouverture de tir ou "arquebusière"; au premier étage, une petite fenêtre (0,15/0,40 mètre) avec barreaux en fer et, au niveau du second étage, ne reste plus que la partie inférieure de la fenêtre.
L'étude de chacun des niveaux de la tours'avère être indispensable:
En premier lieu, les niveaux inférieurscomprennent l'entrée principale, située côté nord. L'encadrement de celle-ci est constitué de belles pierres de taille soigneusement appareillées avec une voûte en berceau (hauteur: 2,50 mètres; largeur: 1,70 mètres). Au niveau de la voûte, deux encoches servant à accueillir
les poutres d'un avant-toit sont encore visibles. L'emplacement de gonds, ainsi que les logements des poutres (0,16/0,16/2,17 mètres) placées derrière la porte sont encore parfaitement en place. Une fois cette première porte franchie, un plancher escamotable, long de 1,80 mètre, permettait l'accès à une seconde porte débouchant dans la salle du rez-de-chaussée. Sous le
plancher escamotable, aujourd'hui disparu, se trouvait et se trouve encore un escalier en pierre de sept marches desservant le sous-sol.
Le sous-solse compose de deux cavesrectangulaires (4,40/10,20 mètres), séparées par un mur qui soutient les deux voûtes en berceau continu, et reliées entre elles par une porte. Dans la cave du fond, on trouve le fût d'un puits qui débouche au rez-de-chaussée. Chacune des caves prend jour grâce à un étroit soupirail (0,40/0,10 mètre). Dans l'angle nord-ouest de la première cave, un escalier en colimaçon dont les premières marches sont conservées sous les gravats permettait de monter aux étages supérieurs. Les deux caves sont aujourd'hui inondées.
Le rez-de-chausséeest une immense pièce de 10,10/9,20 mètres, haute de 5 mètres. On y accédait par le sous-sol ou par l'entrée principale. A gauche de celle-ci, dans l'angle nord-est, une niche voûtée en plein cintre (largeur: 1,20 mètre; hauteur: 2,20 mètres) se termine par une ouverture de tir fort détériorée que nous appellerons "arquebusière". Le côté est prend jour par une grande niche voûtée en cul-de-four. Elle se termine par une fenêtre privée de ses barreaux, à laquelle on accède par des marches en mauvais état. Sur l'encadrement extérieur de cette fenêtre, on remarque une croix gravée. Le côté sud montre les vestiges d'une grande cheminée large de 3 mètres. Les montants, le manteau et la hotte ont été arrachés. Dans l'angle sud-ouest, un escalier très dégradé donne accès à une niche voûtée en quart de cercle et qui se termine par une ouverture fortement dénaturée. Vue de l'extérieur, cette niche semble montrer que nous sommes en présence d'une fenêtre. Enfin, le côté ouest prend jour par une niche de mêmes dimensions que celle du côté est. Un panneau de bois la masque à l'intérieur. La porte basse surmontée d'un linteau triangulaire donne accès à l'escalier dans l'angle nord-ouest. Ce rez-de-chaussée possède également, dans l'angle sud-ouest, un très beau puits dont la margelle a disparu, mais dont la base est conservée dans la cave. Cette description doit être rapprochée du texte de 1610 qui mentionne "le puits de la cuisine" situé dans "la grosse tour carrée". Nous pouvons donc conclure que le rez-de-chaussée, avec son immense cheminée, son puits, son accès au sous-sol et ses ouvertures de tir, servait de salle de cuisineau château.
En ce qui concerne les niveaux supérieurs, on distingue deux étages. L'accès au premier étage se faisait par une porte desservie par l'escalier. Les dimensions étaient les mêmes que celles du rez-de-chaussée. On remarque encore les énormes trous où se logeaient les poutres soutenant le plancher. Côté nord, une belle cheminéeabîmée, tandis que du côté est, on remarque une fenêtre dont l'ouverture est obstruée ainsi que dans l'angle, un petit réduit. Ce dernier mesure 1,10/2,20 mètres et possède un trou de 0,60/1 mètre qui communique avec le sous-sol. Selon toute vraisemblance, ce réduit constitue des latrines. Les côtés sud et ouest sont percés chacun de grandes niches avec fenêtres. Le second étage possède une cheminée dont il ne reste que les piédroits côtés ouest. Le côté est conserve une grande niche avec fenêtre. Dans l'angle nord-est, on remarque un réduit à usage de latrines également. La partie supérieure de cet étage a disparu. Il n'est plus possible d'y accéder.
Cette tour présente une parfaite unité architecturale et date du début du XVème siècle.
L'ensemble était fort bien conservé au début du XXème siècle. Le cadastre de 1829 permet de distinguer deux périodes de constructions: au nord, deux corps de bâtiments (22/10 mètres), se coupant à angle droit flanqué d'une petite tour
(diamètre: 5 mètres) correspondent aux vestiges de la première maison forte édifiée au XIIIème siècle. A l'est, au sud et à l'ouest, une enceinte polygonale, appuyée sur la grosse tour carrée et trois tours demi-circulaires, correspond à la seconde construction édifiée vers 1420-1430.
Departement
Commune
Code INSEE
54 433
Numero du Site
Jalons Chronologiques
XIII - XV s.
Nature du Site
seigneurial
Environnement
rural
Thematique Principale
Thematique Secondaire
Bibliographie
Franck Mourot, Jean Leclant, "notice n°027 - Bannoncourt", in : La Meuse, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Ministère de l'éducation nationale. Ministère de la recherche, coll. CAG, 55, 2001, p. 177-178.
Gérard Giuliato, "Mousson (Meurthe-et-Moselle) : château et palais des comtes", in : Renoux Annie dir., Palais médiévaux, France-Belgique : 25 ans d'archéologie, Le Mans, Publications de l'Université du Maine, 1994, p. 64-65.
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Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine, “Port-sur-Seille, maison forte (Meurthe-et-Moselle),” IMAGE, consulté le 8 novembre 2024, https://image.hiscant.univ-lorraine.fr/ark%3A/67375/MGZkvwtJP2pg.