Herbéviller, Château la Noy, château de Lannoy (Meurthe-et-Moselle)
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Au début du XIVe s., la petite seigneurie vassale des sires de Blâmont se fragmenta en trois parts dont la plus petite revint à Isabelle qui l’apporta en dot à son mari Henri, bailli de Blâmont. Cette branche cadette reçut la partie sud du domaine, fit bâtir sa propre maison forte au lieu-dit La Noye et prit le nom de sire de Lannoy. Par mariage, elle entra dans des branches cadettes des familles de Chambley au début du XVe s. puis dans celle de Parroy. En 1478, elle est qualifiée de « forte maison » dans une reprise en fief. En 1522, elle échut à Jean Bayer de Boppart. Marié à Eve d’Issembourg, il disposait d’importants moyens financiers qui lui permirent de faire détruire la maison médiévale et de reconstruire une demeure seigneuriale répondant aux nouvelles aspirations et aux goûts de l’époque marquée par le retour de la paix.
La maison eut à subir des dégradations exercées par une compagnie de soldats croates qui y logea vers 1646. L’édifice fut restauré au XVIIIe s. et habité jusqu’en 1913. Le propriétaire d’alors décida de vendre les éléments d’architecture sculptés. Le baron de Turckheim en acheta un lot important enlevé au corps central de l’édifice. Les fenêtres de la chapelle se trouvent aujourd’hui au Detroit Institute of Arts (Michigan, États-Unis). Ainsi dépecé, l’édifice ouvert à tout vent se dégrada rapidement. Les dommages de guerre perçus après 1918 servirent à construire une nouvelle ferme à proximité. Le plan et une série de relevés et de photographies ont été effectués en 1994 et 1997. L’accès est désormais interdit.
Au nord-est du site, se trouve une tour ronde (diamètre hors œuvre 5.80 m), conservée sur une hauteur de 6 m, aux murs montés en moellons calcaires liés et crépis au mortier de chaux (épais 1.20 m). Au niveau 2, on remarque une archère canonnière taillée dans un bloc de grès beige comme la porte. Cette tour prend appui sur un mur est-ouest long de 26 m. Ce sont les seuls vestiges d’une défense extérieure qui marquait vraisemblablement les limites de la basse-cour. Un fossé, auparavant alimenté par une dérivation de la Blette, est encore visible à l’est, au nord et au sud (Lg. 15 à 20 m ; prof. 2 m).
On appelle fausse-braie la terrasse (lg. 3.60 m) soutenue par un mur épais d’1 m qui protège la maison sur trois côtés. Le tronçon sud-ouest (Lg. 19.50 m) avec un retour d’angle de 2.50 m est muni de quatre canonnières à la française. Le mur sud (Lg. 39.50 m) en présente deux là où il a conservé une hauteur d’1.90 m. Ailleurs, il est réduit au niveau du sol comme sur le côté est long de 40 m. Toutes les ouvertures de tir en grès étaient utilisées pour de petites armes à feu portatives. L’embrasure intérieure a un plan triangulaire dont la largeur se réduit en passant de 1.10 m à 3 cm. L’embrasure extérieure s’élargit et passe de 3 à 25 cm. L’ouverture, réduite à 3 cm sur 17.50 cm sert à la fois pour viser et tirer droit ce qui en limite fortement l’efficacité.
Les bâtiments résidentiels dessinent un plan rectangulaire de 36 m sur 31 m, sans tour d’angle et entourent une cour (21 m x 15.50 m) fermée par un mur percé d’une large porte de 4 m.
L’aile ouest se compose de deux parties : une grange au nord-ouest, reconstruite au XXe s. (n° 6). Mais aussi une pièce qui permet de passer de la cour à la fausse braie. Elle conserve un cartouche avec des armoiries et des décors floraux martelés. À l’étage, on trouve des chambres protégées par la toiture en état.
Le corps central se décompose en plusieurs pièces au niveau 1 (RDC). La pièce ouest (n° 10) est totalement obstruée par les décombres provenant de l’effondrement des niveaux supérieurs. Ensuite, la pièce centrale (n°11) (12.40 m x 9.40) communique avec la cour par une grande porte (lg. 2.30 m ; ht. 3 m) percée dans le mur nord et prend jour par deux grandes fenêtres (lg. 1.50 m ; ht. 2 m). Le mur est présente une porte dans l’angle nord qui communique avec une autre pièce (n°9). On y trouve encore une belle cheminée en pierre de grès (Lg. 2.50 m x 0.80 m ; ht. 1.50 m) divisée en deux parties inégales. Le manteau massif (ht. 1.10 m) souligné par une moulure s’est fissuré par le milieu malgré la présence d’un arc de décharge. Quant au mur sud, il s’ouvre sur la terrasse dans la partie sud-est par une large fenêtre à croisée (1.50 m x 2.10 m) qui fermait par quatre ventaux en bois portant des verres. Dans la partie sud-ouest, l’éclairage n’est assuré que par une fenêtre simple. Entre les deux, une porte donne accès à une petite pièce circulaire qui constitue le rez-de-chaussée de la tour de la chapelle. Côté est, le mur abritait une autre grande cheminée avec piédroits à colonnettes à présent exposée au Musée lorrain. Finalement, la pièce sud-est (n° 9) (7 m x 5 m), communiquant avec l’aile orientale de la maison, dispose d’un éclairage assuré par deux fenêtres simples du côté sud.
Le corps central, au niveau 2 (premier étage) présentait également une répartition en trois pièces. Les relevés de 1913 permettent d’en comprendre la disposition. La grande salle (13 m x 9.50 m) disposait de deux fenêtres au nord et de deux autres au sud. Elle communiquait avec une petite chapelle octogonale éclairée par de remarquables baies au remplage gothique flamboyant. Le mur de la grande salle s’ouvrait par deux portes avec la pièce ouest. La porte de droite, finement moulurée, présentait un linteau orné du blason des Issembourg. Au milieu, régnait une grande cheminée moulurée (Lg : 4 m) dont le manteau s’ornait de trois cartouches au motif de rinceaux. La porte de gauche n’a pas été retrouvée. Ensuite, il est vraisemblable que la pièce ouest correspondait au « salon » où se trouvait une autre cheminée remarquable de taille inférieure (Lg. 3.10 m), offrant le même encadrement mouluré mais son manteau était une véritable œuvre d’art s’ornant de huit panneaux rectangulaires (0.30 m x 0.50 m). Au centre, l’un portait le blason des Bayer et celui des Issembourg et un phylactère avec la date de 1524 ; deux autres recevaient un décor de volutes végétales sortant d’un vase, encadrés par les panneaux avec le profil de Jean et d’Eve. Le mur en face s’ouvrait également par deux portes sur la pièce à l’est. Au mur, s’accroche encore un décor de panneaux en stuc du XVIIIe s. qui masqua les fenêtres renaissance.
L’aile orientale (RDC) se compose d’abord d’une pièce en rez-de-chaussée (n°8) (8 m x 5) ouvrant sur la cour par une porte charretière (lg. 4 m) surmontée par un grand arc. Cet espace joue un rôle important dans l’édifice. En effet, il permet d’entrer dans le corps central (pièce n° 9) par deux portes dont une surmontée par le blason des Bayer, il donne également accès à un bel escalier en bois qui conduit à l’étage. Bien conservé en 1997, il a été malheureusement incendié par vandalisme quelques années après. Il existe deux caves indépendantes, dont une (n° 7) est accessible par trois marches.
Au premier étage de l’aile orientale, les pièces étaient desservies par un couloir prenant jour à l’est par une série de fenêtres de même facture que celles du bâtiment central. Dans les embrasures, on relève de nombreux graffiti portant des dates.
Une série de 17 carreaux de poêle provenant de cette demeure est conservée au Musée lorrain. Leur bon état montre qu’ils résultent d’un démontage de l’appareil et non d’une destruction. Ils sont couverts d’une glaçure verte sur engobe beige. Quatorze présentent un cadre constitué d’un arc en plein cintre à décor d’oves soutenu par deux colonnes à futs cannelés. Au centre de chacun se tient un personnage chrétien reconnaissable à ses attributs. Trois présentent un arc porté par des piliers à atlantes surmontant une allégorie : la Rhétorique, la Prudence, ou la Fuite en Égypte. Ils appartiennent à une même série datée de la fin du XVIe s.