Fondremand, tour seigneuriale (Haute-Saône)

Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine

2018

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La tour rectangulaire de Fondremand se situe à l'extrémité d'un replat dans la pente d'un plateau calcaire. Elle occupe l'angle sud-ouest de ce replat où est implanté un petit bourg d'une superficie légèrement inférieur à deux hectares. L'enceinte de faible dimension englobe, outre cette tour seigneuriale, l'église romane, divers bâtiments annexes du château et probablement quelques maisons.

La tour seigneuriale, bâtie en moellons calcaires de petit à moyen module, grossièrement assisés, mesure 21 m de longueur pour 14 m de largeur. Elle présente un plan intérieur relativement peu fréquent, chacun des 5 niveaux, hors-comble, étant divisé en deux vaisseaux longitudinaux par un mur de refend de 0,75 à 1,10 m de largeur. Les deux niveaux inférieurs sont équipés d'archères à l'ouest et au sud, les deux façades donnant à l'extérieur de l'enceinte urbaine, tandis que les trois niveaux supérieurs offrent des baies plus large, munies de coussièges et divisées en deux par un meneau central. Ces étages comptent aussi plusieurs cheminées monumentales qui confirment la prédominance de la fonction résidentielle.

La construction de la tour, longtemps attribuée à des périodes reculée, doit être mise en relation avec le renouveau des tours-résidences à la fin du XIVe siècle, à la suite du chantier royal de Vincennes. Cette datation s'appuie sur une série de datations dendrochronologiques de corbeaux en bois de cheminée, manifestement en place. La tour présente néanmoins quelques traits archaïsant tels que l'escalier intrapariétal, inséré dans la maçonnerie des murs Est et Nord et assurant la liaison entre les quatre premiers niveaux, les fenêtres à meneau dépourvues de croisillon et aux linteaux non décorés. La tour a été bâtie à l'initiative de Jean de Bourgogne, noble comtois issu d'une branche cadette des comtes de Bourgogne, ou de Thiébaut VI de Neufchâtel, son beau-frère et successeur à partir de 1373.

Une importante phase de transformation intervient à la charnière des XVe et XVIe siècles avec la mise en place de la charpente actuelle, la modification de la circulation verticale avec l'implantation d'une tourelle d'escalier de plan octogonal, demi-hors-oeuvre, qui assure la liaison entre le 2e et les combles (6e niveau), et probablement l'installation d'un armoire murale et d'une nouvelle cheminée sur la partie ouest du mur nord. Peu après cette seconde phase, le noyau du corps de logis situé à l'est de la cour est également bâti, avant d'être prolongé par une série d'extensions au XVIIe et XVIIIe siècles.

Vers 1725, la charpente de la tour fait l'objet de réparations modestes. On connaît mal le reste de l'occupation à cette époque hormis l'ouverture d'une porte et d'une fenêtre large au 1er niveau, côté sud, attestant que la tour est dorénavant dépourvue de tout rôle militaire. Les XIXe et XXe siècles laissent une empreinte plus profonde avec un badigeonnage des murs, la modification de certaines baies, la division du vaisseau sud du 3e niveau, l'aménagement d'une citerne d'eau au 5e niveau, puis le rejointoiement extérieur et une phase de restauration de l'édifice vers 1900-1915.

70 239

XIV - XX s.

seigneurial

urbain

Vianney Muller, Le patrimoine fortifié du lignage de Neufchâtel-Bourgogne (XIII^e-XVI^e s.), Thèse de doctorat en Histoire sous la direction de Gérard Giuliato, Nancy, Université de Lorraine, 2015.

Vianney Muller, Étude archéologique du bâti de la tour seigneuriale de Fondremand (70), Rapport final d'opération, [Nancy], PAU, 2014.