Vic-sur-Seille, le Château, château épiscopal (Moselle)
Créateur
Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine
Date
2018
Droits
Copyright 2020
Identifiant
Presentation du Site
Site
Vic se trouve dans la vallée de la Seille creusée dans les marnes du Keuper (altitude 200 m). Le site bénéficie de la protection du milieu marécageux. Le château se dresse en bordure de la ville, sur la rive droite à 200 m au sud de l'église, elle-même installée sur un îlot de briquetage qui la protégeait des inondations.
Vestiges
Vic conserve des éléments importants de son château.
Un fossé
Creusé dans les marnes, ce fossé est en eau en raison de la faible profondeur de la nappe phréatique. La partie conservée se trouve au nord-ouest du château où subsiste un tronçon long de 120 m, large de 9 m et profond de 9 m. Au sud du château, le plus exposé à des agressions, le fossé atteint 20 m de large. Les gravures anciennes montrent qu'il se prolongeait à l'est, vers la ville.
La Porte fortifiée(n° 1 du plan)
Cette construction appelée à tort "Porte de France" est la partie la plus connue du château. Elle défendait l'entrée du côté de la ville, le moins menacé. Cette porte se compose de deux tours circulaires (diamètre 5 m et 4,50 m) hautes de 7 m, à présent découronnées. Les murs épais de 1,50 m sont percés d'une canonnière par niveau. La visée de tir cruciforme permet de les dater de la seconde moitié du XVe siècle. Chaque niveau est voûté. Un passage relie les deux tours au niveau du premier étage et dessert une rangée de mâchicoulis sur consoles finement sculptées en style gothique flamboyant. Il protège une porte cochère (1g. : 2,90 m) et une porte piétonne (0,50 m) donnant accès à un sas (6 m x 7 m).
La porte primitive (n° 3 du plan)
Elle se situe juste derrière le sas. Il n'en subsiste qu'une puissante tour demi-circulaire (diamètre 8 m ; ht : 4 m) aux murs épais de 2 m. Le parement en grand appareil régulier et assise en grès bigarré en fait une construction de qualité présentant une base légèrement talutée soulignée par un larmier. On remarque la trace d'une belle archère à étrier. Ces caractères architecturaux permettent de la dater de la première moitié du XIIIe siècle. La tour symétrique à celle-ci a disparu au début du XIXe siècle.
Tours et courtines nord
La tour d'entrée se raccorde à un premier tronçon de courtine (ht : 10,50 m à 12 m ; 1g : 18 m ; 1g : 2 m). Le pied taluté est construit en moellons calcaires (dolomie) de petite taille, noyé dans un mortier de chaux. Cette partie du mur était autrefois masquée par un glacis en terre. Les parties supérieures offrent au contraire un très beau parement en moyen appareil en pierre de grès bigarré. Au sommet du mur, sous les combles, on remarque des archères à étrier distantes de 2,50 m l'une de l'autre. Au XVIe, au-dessus de ces fentes de tir on perça de petites fenêtres carrées (0,50 m de côté).
La seconde tour demi-circulaire (diamètre 8 m) est accolée à la courtine et protège un léger changement de direction. Les murs ont 2 m d'épaisseur et une hauteur de 13 m. Le rez-de-chaussée se compose d'une pièce (diamètre : 4 m), voûtée, pourvue de trois niches de tir terminées par de belles archères à étrier.
L'étage supérieur, accessible depuis les logis, présentait la même disposition. Il a perdu sa toiture et se trouve aménagé en terrasse. A l'arrière de cette tour on observe le chemin de ronde aménagé dans l'épaisseur de la courtine. Large de 0,80 m, haut de 2 m, ce passage permettait de circuler d'une tour à l'autre et de desservir toutes les archères situées sous les combles.
Courtine entre la seconde et la troisième tour. Longue de 18,50 m, large de 2 m, cette courtine présente les mêmes caractères architecturaux. La partie inférieure, sous le larmier, est masquée par un amas de terre haut de 2 m. De ce fait, on ignore la hauteur exacte des murs. La hauteur visible atteint 10 m. Au rez-de-chaussée, une petite porte (porte-fenêtre ou poterne ?) large de 0,60 m. A l'étage des fenêtres récentes.
Troisième tour. Elle protège un second changement d'orientation des courtines auxquelles elle est accolée. Haute de 12,25 m, large de 8,5 m, elle est privée de toiture et l'étage a disparu. A chaque niveau on retrouve trois archères à étrier. Son mauvais état de conservation nécessite une rapide intervention.
Courtine après la troisième tour. La courtine se prolonge sur environ 10 m puis est interrompue par une brèche qui marque peut-être l'existence d'une troisième tour à présent disparue. Le mur continue encore sur 8 m avec la même largeur de 2 m et la base masquée par un glacis en terre.
Les corps de logis sud-ouest(n° 4 du plan)
Dans la partie sud-ouest subsistent des constructions très différentes des précédentes. Le mur de courtine n'a plus que 1,25 m d'épaisseur et une hauteur de 8,90 m. Si le rez-de-chaussée est aveugle, le premier et le second étages, supportés par des poutres, prennent jour par de belles fenêtres à coussièges et sont munies de barreaux en fer. Cette architecture est caractéristique des XIVe-XVe siècles.
La destruction récente de la maison qui occupait cet emplacement a permis de mettre au jour les substructions de bâtiments plus anciens. Un plan de 1830 permet d'identifier ce qu'on appelait "le Pavillon du château", datable des XVJJe-XVIIIe siècles.
La terrasse sud-ouest
Entre les corps de logis et le fossé se dresse un mur de briques rouges (ht : 4 m ; ép. : 0,50 m) datable des XVIe-XVIIe siècles supportant une terrasse large de 5,80 m qui se raccorde à l'enceinte urbaine.
Les courtines sud
La partie sud du château située dans une propriété privée est restée jusqu'ici ignorée des chercheurs. Les courtines existent sur 95 m de long. Leur épaisseur exacte est difficile à apprécier mais semble avoisiner les 2 m. Aux XVIe-XVIIe, le parement en grès fut doublé d'une épaisseur de briques rouges encore bien visible.
Le fossé large de plus de 20 m constituait une défense efficace. En effet les côtés ouest et sud étaient les plus exposés à une attaque.
Conclusion
Les vestiges du château de Vie illustrent l'évolution des fonctions du site. Au XIIIe siècle, on édifia ce vaste château polygonal flanqué de tours demi-circulaires. Au XTVe-XVe, la partie sud-ouest fut détruite et remplacée par des logis résidentiels. Au milieu du XVe s. l'ancienne porterie fut doublée d'un édifice plus petit élégamment décoré de mâchicoulis gothiques et de petites canonnières. Au XVIe-XVIIe s. on renforça les défenses côtés sud et ouest par des constructions en briques.
Historique
En 1196 l'évêque Bertram appuya les efforts des bourgeois pour édifier une enceinte urbaine. Son successeur Conrad de Scharfenberg compléta ces fortifications par la construction d'un château polygonal. Les évêques conservèrent toujours le contrôle de ce château en y plaçant un châtelain salarié. Jamais ils ne l'inféodèrent, même au sire de Blâmont pourtant avoué de Vie depuis 1202. L'évêque Jacques de Lorraine (1239-1260) résida fréquemment à Vie en raison du conflit qui opposait les prélats aux bourgeois de Metz. Vie devint la capitale de la principauté épiscopale jusqu'au XVIIe siècle. L'évêque Thierry Boppart (1365-1384) fit des travaux au château. Il est fort possible que la reconstruction des logis sud-ouest soit son œuvre, quoique la période extrêmement troublée par les guerres n'ait guère été propice à ce type d'embellissement. Un autre évêque Conrad Bayer (1415-1459) fit également des travaux à Vie. C'est à lui ou à Georges de Bade (1459-1484) qu'il faut attribuer la construction de la nouvelle porte fortifiée du château. Au XVIe et au début du XVIIe s., les prélats remplacèrent les anciens logis par des constructions au goût du jour, ïï n'en subsiste qu'un corps de bâtiment avec des fenêtres à croisées (Lg : 26,5 m ; 1g : 9 m) et un bel escalier en colimaçon dans la partie nord du site.
ast
ast
ast
Les vestiges du château, plus conséquents qu'il n'y paraît à première vue, présentent un grand intérêt pour l'histoire de l'architecture militaire en Lorraine au XIIIe siècle. Ils nécessitent une rapide politique de protection.
Departement
Commune
Lieu Dit
le Château
Code INSEE
57 712
Numero du Site
Jalons Chronologiques
XIII - XVIII s.
Nature du Site
seigneurial
Environnement
rural
Thematique Principale
Thematique Secondaire
Operateur
Collection
Citer ce document
Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine, “Vic-sur-Seille, le Château, château épiscopal (Moselle),” IMAGE, consulté le 8 novembre 2024, https://image.hiscant.univ-lorraine.fr/ark%3A/67375/MGZr1D8mNRWv.