Custines, château de Condé-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle)

Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (EA1132 / HISCANT-MA) - Université de Lorraine

2018

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Le village se situe face au confluent de la Meurthe et de la Moselle, il contrôle la route vers le Saulnois, principal producteur de sel en Lorraine au Moyen Âge. Au début du XIIIe siècle, les comtes de Bar engagent une politique d'empiètements sur les biens de l'évêque de Metz en accaparant des forteresses. En réaction, celui-ci bâtit les forteresses de Nomeny et de Condé-sur-Moselle dont la construction s'achève en 1261. Enjeu des oppositions entre comtes de Bar et évêques de Metz, le site est engagé par ces derniers aux comtes de Bar-Mousson à plusieurs reprises à la fin du XIIIe siècle. Au XVe siècle, l'unification des duchés de Bar et de Lorraine contribue à modifier son rôle et le château devient une base d'opération pour le duc contre la ville indépendante de Metz. Le château est remis en état pour supporter la guerre de Charles II contre la ville de Metz entre 1427 et 1429. Pour autant, il ne supporte pas cinquante ans plus tard l'assaut des bourguignons qui l'incendient. Confié au comte de Campobasso par le duc de Bourgogne lors de sa conquête de la Lorraine, le château de Condé est employé par ce celui-ci dans sa traîtrise au profit du duc de Lorraine René II. À la fin du XVe siècle, René II tente de conquérir Metz et renforce alors Condé-sur-Moselle en une véritable place-forte. Au-delà de son rôle militaire, le site accueille également le duc lors de séjour de chasse notamment, et c'est là que Philippe de Gueldres mis au monde Claude de Lorraine, futur duc de Guise. En 1635, au cours de la guerre de Trente Ans, le château est mis hors d'usage par les troupes françaises.

Dans une boucle de la Moselle, le site exploite un éperon rocheux à la pente abrupte au sud. Le château a une forme grossièrement trapézoïdale. Le flanc ouest abrite la tour de la prison, la porterie et le pont-levis, les appartements du châtelain, la chapelle et une grange tandis que la Tour de l'évêque, une grange, des logis et le donjon se concentrent au nord et au nord-est. Il ne subsiste que deux pans de murs, hauts de 8 m qui ne permettent pas de saisir la complexité des élévations évoquées par quelques gravures conservées à la bibliothèque municipale de Nancy. À l'est, se trouve une grange surmontée de la "grande et petite salle du parement", des chambres des domestiques et la Tour du Moulin. Enfin, au sud, ce sont les cuisines, le poêle et les chambres qui occupent les 75 m de long du château.

Des défenses périphériques protégeaient en avant du château dès le XIVe siècle. L'état conservé correspond pour sa part aux constructions du XVIe siècle. Il s'agit principalement d'une adaptation du château aux progrès de l'artillerie, notamment la construction d'une barbacane équipée de petites canonnières et de la mise en place d'un boulevard d'artillerie flanqué au nord-ouest par une tour en fer à cheval.

54 150

XIII - XVII s.

religieux et seigneurial

urbain

Gérard Giuliato, "Frouard, Condé-sur-Moselle, Pompey : un réseau castral au confluent de la Meurthe et de la Moselle du XIII^e au XVII^e s.", in : Renoux Annie dir., Aux Marches du Palais. Qu'est-ce qu'un palais médiéval ?, Le Mans, Publications de l'université du Maine, 2001, p. 223-231.